mercredi 5 septembre 2012

GEORGE BENSON/JOE FARRELL: Benson & Farrell - CTI 6069




Cover: Alen MacWeeney




George Benson rejoint Joe Farrell en studio quelques jours après avoir mis la dernière touche à « Breezin »; un album produit par Tommy LiPuma pour la Warner Bros et qui s’avéra être un tournant dans la carrière du guitariste, notamment grâce au succès de la chanson de Léon Russell : "This Masquerade". On peut donc raisonnablement penser que « Benson & Farrell » est plus une obligation contractuelle qu' un nouveau projet artistique. Ce manque d'implication se ressent tout au long de l'album. Les solos du guitariste restent, comme toujours, délicats et racés mais on ne retrouve pas le petit supplément d'âme des albums précédents. La douceur du son est assez proche de « Good King Bad » et annonce le tournant plus "easy listening" de la série 7000. Virage dû en grande partie à l'arrivée du compositeur-arrangeur David Matthews qui régnera en maître à partir de 1977. Reste que cet album, loin d'être inintéressant permettra à Joe Farrell, superbe à la flûte, de profiter de la notoriété du guitariste.
On recommandera en premier les compositions de David Matthews : "Beyond the Ozone" pour le duo de guitare : Benson (solo) et Steve Khan (rythmique) ainsi que le funky "Camel Hump" avec Eric Gale à la guitare et Joe farrell au saxophone soprano. Et bien sûr, la musique de "Flûte song", avec Will Lee à la basse. Un titre repris un an plus tard sur l'album d'Art Farmer:  « Something You Got ».

♫ ♫ ♫ 1/2


Note : Le label Anglais BGO a réédité les 2 albums : « Good King Bad » et « Benson & Farrell » sur un seul CD.


Dans JazzWax, Creed Taylor interviewé par Marc Myers revient sur les circonstances troubles de cet enregistrement :

JazzWax: Comment avez-vous compensé l'augmentation des coûts ?
Creed Taylor: En 1975, Warner Bros. est repassé à nos bureaux pour nous proposer un accord. Ils ont suggéré que CTI et Warner Bros. alternent les albums avec [le guitariste] George Benson, qui était alors chez CTI. L'idée était que George enregistre un album pour Warner Bros., puis le suivant pour CTI, et retourne ensuite chez Warner, et ainsi de suite.

JazzWax: Qu'est-ce que CTI avait à y gagner ?

Creed Taylor: On espérait que si George faisait un gros succès avec Warner Bros., nous aurions l'album suivant. On pensait que s'il faisait un succès, ça créerait une dynamique qui aiderait les ventes de CTI. Alors nous avons conclu l'accord et George a enregistré le premier album pour Warner Bros.

JazzWax: Et que s'est-il passé ?

Creed Taylor: La chance a voulu que George enregistre "Breezin'" en janvier 1976, qui comprenait "This Masquerade". Ce titre a été un énorme succès. Ce qui était génial, puisque nous allions avoir l'album suivant de George.

JazzWax: Qu'avez-vous enregistré avec lui ?

Creed Taylor: Rien du tout. Warner Bros. l'a empêché d'enregistrer avec CTI en solo. Ça n'a pas pu se faire, même si nous avons finalement enregistré avec lui sur "Benson & Farrel" fin 1976. Warner Bros. a  rompu notre accord, car ils jugeaient préférable de nous affronter en justice en faisant traîner l'affaire si nécessaire, plutôt que de nous laisser récolter le succès commercial de son album suivant.*


* Merci à Sylvie du forum international: help.berberber.com pour sa traduction





"Flute Song" solo de guitare de Benson à partir de 1:37

 


Face A

1. Flute Song 6:05
(David Matthews)

2.  Beyond The Ozone 7:03
(David Matthews)

3.  Camel Hump 6:24
(David Matthews)


Face B

1. Rolling Home 7:15
(David Matthews) 

2. Old Devil Moon 9:22
(B. Lane/E.Y. Harburg)


Arrangé par David Matthews

Enregistré à A&R Recording
Ingénieur: Don Hahn
Enregistré aux studios Van Gelder
Ingénieur: Rudy Van Gelder
Mixed and Mastered by RVG
Enregistré en septembre, Mars 1976 ( info pochette, voir le site de Douglas Payne pour plus de précisions)

Photographie: Alen MacWeeney
Design: Rene Schumacher
Produit par Creed Taylor

FLUTE SONG
CAMEL HUMP

George Benson, guitare solo sur A1
Joe Farrell, flûte et saxophone soprano solo sur A3
Don Grolnick, piano
Will Lee, basse
Andy Newmark, batterie
Eric Gale, guitare
Nicky Marrero, percussion
Eddie Daniels, flûte alto
Joe farrell, flûte basse
David Tofani, flûte alto


OLD DEVIL MOON

George Benson, guitare solo
Joe Farrell, flûte solo
Sony Bravo, piano
Gary King, basse
Jose Madera, congas
Michael Collaza, timbales
Nicky Marrero, percussion
Eddie Daniels, flûte alto
Joe farrell, flûte basse
David Tofani, flûte alto


BEYOND THE OZONE
ROLLING HOME

George Benson, guitare solo
Joe Farrell, flûtes et flûte solo
Don Grolnick, piano
Will Lee, basse
Andy Newmark, batterie
Steve Khan, guitare
Nicky Marrero, percussion

2 commentaires:

  1. Ah la la, les magouilles Warner...
    Une interview qui éclaire, mais bon, qui ne changera rien au talents évidents mis en avant au long de cet album.
    Je l'ai en vinyle et l'écoute souvent... Steve Khan peut être, tiens, justement, puisqu'on en parlait.
    Et puis j'adore la souplesse de cette rythmique easy, cool...
    Matthews a pas mal sévi par la suite...
    Et je voix (je ne m'étais pas penché plus que ça sur les crédits qu'Eddie Daniels rôde dans les parages... Plus tard à la clarinette il va faire des ravages chez GRP...
    En attendant, rien que la délicatesse de Grolnick, le bluesy/jazzy Eric Gale, toujours un régal et le casting tout de même enthousiasmant ça va me le faire remettre sur la platine, encore une enième fois.
    Il est des galettes qui, comme ça, ressortent de façon régulière dans les discothèques privée, aux étagères pourtant chargées...
    Celle ci en est une.
    belle chronique détaillée, comme toujours.
    à+

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  2. Merci pour ton commentaire Pascal. Comme souvent quand je me plonge sur un album CTI je l'apprécie un peu plus, au fil de la documentation, au fil des écoutes. Celui ci particulièrement. On peut regretter que Sony n'ai pas réédité cet album depuis 87 (CBS Associated ZK 44169 - CD introuvable de nos jours). Je suis sur que ce son souple, cette conjugaison de talents mériteraient d'être réécoutés au casque avec les nouvelles techniques de pointe des ingénieurs de Sony (cf : MASTERWORKS JAZZ).
    Enfin pour l'enregistrement lui même, je trouve curieux que Creed Taylor parle de fin 76 alors que l'historien Douglas Payne cite précisément : les 20, 21 janvier et 12 mars 1976 aux studios Van Gelder. Puis septembre dans un autre studio. Il est pas impossible d'imaginer que Benson soit venu à la toute fin poser ses solos sur l'album existant.

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