lundi 14 janvier 2013

HANK CRAWFORD: Help me make it Through the night – Kudu 06




Cover: William Cadge





Ce que voulait faire Creed Taylor avec Hank Crawford, du moins sur ces deux premiers albums : « Help me make it Through the night » et « We Got A Good Thing Going », le producteur le réussira pleinement avec le saxophoniste ténor Grover Washington, Jr. Le style de ce dernier, plus lyrique, plus tendre, se fondra parfaitement dans les orchestrations luxuriantes du label CTI. C'est d'ailleurs un fait divers, de nos jours anodin, qui lancera la carrière discographique de Grover.
En Aout 1971 le saxophoniste alto, Hank Crawford, démarre son premier album. Un seul titre est enregistré : "Ham". Pee Wee Ellis est aux arrangements, Idris Muhammad, Eric Gale, Airto et Grover Washington, entre autres, participent à l'enregistrement. Tout ce beau monde doit se revoir en septembre dans le new Jersey pour finaliser l'enregistrement mais ce jour là Hank Crawford se fait arrêter à Memphis en possession de Marijuana. Pris de court, le producteur propose à Grover de le remplacer au pied levé, allant même jusqu'a lui louer un saxophone alto. Dans la cabine d'enregistrement Creed Taylor écoute. Il est emballé. Il devine probablement qu'il a devant lui sa nouvelle star et offre au saxophoniste son premier album solo. Le fameux « Inner City Blues » sort des studios Van Gelder pour le label Kudu*.
C'est finalement en Janvier 1972 qu'Hank Crawford retrouve le chemin des studios pour terminer son disque. Les arrangements de cuivres de Pee Wee Ellis ont disparu, remplacés par les cordes de Don Sebesky. Un tout nouvel album voit le jour avec d'autres musiciens aussi (Bernard Purdie, Cornell Dupree en lieu et place d'Idris Muhammad et Eric Gale).
Le choix des titres: "The Sun Died" d'Hubert Giraud, "Imagine" de John Lennon, "Brian’s Song" de Michel Legrand résume assez bien le contenu. A travers ces ballades émouvantes, « Help me make it Through the night » s'adresse, vous l’aurez compris, à un public très large. La recette est simple : une pincée de funk, un zeste de blues et beaucoup de soul romantique. Un cocktail un peu tiède néanmoins dont l'atout majeur reste la sonorité envoûtante d'Hank Crawford, rehaussée par la très belle couleur de l'orgue hammond du regretté Richard Tee

♫ ♫ ♫ 


*Kudu : filiale soul-jazz du label CTI

Sources :

- An interview with Creed Taylor by JazzWax

- Liner Notes written by Arnaldo DeSouteiro for the Japanese CD reissues of


 








Arrangé et dirigé par Don Sebesky, sauf « Ham » arrangé et dirigé par Pee Wee Ellis





FACE: A

1.Help me make it Through the night 5:40
(Kris Kristofferson)
2.Brian’s Song 3:25
(Michel Legrand)
3.Uncle Funky 5:32
(Hank Crawford)
4.In The Wee Small Hours Of The Morning 2:48
(Elliott/James)

FACE: B

1.Go Away Little Girl 4:20
(Goffin/King)
2.Imagine 4:05
(John Lennon)
3.Ham 3:07
(Alfred Ellis)
4.The Sun Died 4:05
(Delanoe/Giraud/Gregory/Charles)

Musiciens:

Saxophone alto:
Hank Crawford

Guitare:
Cornell Dupree (solo sur A1, A3)
Eric Gale (B3 seulement)

Batterie:
Idris Muhammad (B3 seulement)
Bernard Purdie

Orgue/Piano:
Richard Tee

Basse:
Ron Carter

Vibraphone:
Phil Kraus

Percussion:
Airto Moreira  (B3 seulement)

Saxophone ténor:
Grover Washington, Jr. (B3 seulement)

Saxophone baryton:
Pepper Adams (B3 seulement)

Trompette:
Al DeRisi (B3 seulement)
Snooky Young (B3 seulement)

Trombone:
Wayne Andre (B3 seulement)

Violon:
Bernard Eichen
Félix Giglio
Emanuel Green
Harold Kohon
Harry Lookofsky
Joe Malin
Gene Orloff
Max Pollikoff
Elliot Rosoff

Alto:
Alfred Brown
Theodore Israel
Emanuel Vardi

Violoncelle:
George Ricci
Charles McCracken

Harpe:
Margaret Ross

Enregistré aux studios Van Gelder en janvier 1972, sauf « Ham » en Aout 1971

Ingénieur du son: Rudy Van Gelder
Photo de couverture: William Cadge
Design: Bob Ciano

Producteur: Creed Taylor





4 commentaires:

  1. Chronique toujours détaillée comme à l'habitude.
    Je ne connaissais pas cet album et un peu l'artiste.
    l'histoire rapport Groover est comme toujours dans tes articles, croustillante et éclaire le sujet.
    Toujours extra de voir comme Ron Carter était aussi capable de s'intégrer dans tous contextes, y compris ce genre "commercial" - on oublie souvent de le souligner et pretty purdie qui fera la âte Steely dan avant Gadd est comme toujours, fin, et subtil, mais groovy...
    Champagne, cette fois...
    Comme le Winelight de Groover mais bien avant les slaps de Marcus et la métrique assumée de Steve.

    RépondreSupprimer
  2. D'après les interviews que j'ai lu je crois pouvoir dire que Ron Carter appréciait le coté commercial du label, son impact sur le grand public et son effet pédagogique.
    A part All Blues (CTI 6037) et Spanish Blue (CTI 6051), ses deux principales réussites solos sur le label, il s'est surtout distingué comme sideman chez CTI (81 enregistrements + 5 albums solos).
    J'ai cru un moment qu'il désavouait, peut être, certains "divertissements", comme son album brésilien tendance disco-funk- : Anything goes. On est tellement loin de sa période Miles Davis... Hé bien pas du tout, je me souviens que sur mon premier blog, le journaliste Arnaldo DeSouteiro m'a signalé que Ron Carter aimait beaucoup cet album.

    RépondreSupprimer
  3. Bonsoir,
    Comment connaissez-vous toute cette histoire spécialisée de la musique ?
    C'est si pointu.
    Impressionnant.
    Bon je ne comprends pas 80% de ce qui est raconté, j'ai du mal à suivre, mais, c'est passionnant.

    RépondreSupprimer
  4. Bonsoir Théorème,
    C'est gentil à vous de venir faire un petit tour sur mon blog.
    Je dois dire que je croule pas sous les commentaires même si je vois à travers mon administration tous les forums, les sites qui parlent de moi.
    Ça vous semble très pointu ?
    Peut être parce que vous comprenez que 20% de ce que je raconte ;)
    Non je plaisante, pour pas trop alourdir le texte je précise pas toujours qui fait quoi
    et tous ces noms de musiciens (pour un non initié) ça peut paraitre confus.
    Mais en fait c'est très simple. Il existe un site américain qui a répertorié de manière un peu austère tous les disques de ce label.
    Musiciens, dates, etc...
    http://www.dougpayne.com/cti.htm
    A partir de cette base de données, du disque original et de sa pochette, je regroupe, vérifie toutes les infos disséminées sur le web et dans la presse.
    Puis je fais une synthèse de tout ce que j'ai lu et rédige mon billet.
    Plus je rame pour commenter un disque et plus je cherche des infos des anecdotes pour m'en sortir.
    Ce billet en est la meilleure illustration. Que le saxophoniste Grover Washington ait remplacé Hank Crawford sur cet enregistrement c'était connu.
    Par contre aucune source donnait les raisons de ce désistement. C'est en lisant une interview du producteur et en comparant les dates que j'ai appris que ce dernier était en prison ce jour là.
    Je pense que cette info était connu des journalistes américains mais tut du vivant de l'artiste sur les rééditions.
    Idem par exemple pour le disque Flow. C'était un obscur groupe hippie originaire d’Ocala en Floride qui a herbergé en son sein le célèbre guitariste des "Eagles": Don Felder.
    On trouvait rien sur ce disque, pas la moindre information, même l'historien officiel du label :Douglas Payne avait fait chou blanc. J'ai eu l'idée de chercher dans la biographie du guitariste et j'ai trouvé un chapitre sur ce disque que les bénévoles du forum help.berberber.com m'ont traduit.

    Ce label c'est un peu ma madeleine de Proust, il m'évoque des souvenirs heureux.
    Je dois pourtant avouer que j'étais un cancre au lycée et que ce blog est une parenthèse dans ma vie :-)

    RépondreSupprimer