dimanche 15 juin 2014

STANLEY TURRENTINE: Sugar (CTI Records 40th Anniversary Edition) [Digipack CD]




Cover: Pete Turner




L’intérêt suscité par le saxophoniste ténor ne faiblit pas. A chaque  nouvelle fournée du label CTI, ses trois albums légendaires : « Sugar », « Salt Song » et « Don't Mess With Mister T. » refont surface. Ils bénéficient d'une plus-value due au progrès de la technique et au savoir-faire des ingénieurs du son de Sony. Ces rééditions permettent aussi de fouiller dans les archives du label et font ressortir parfois des trésors oubliés. La composition "Gilbraltar", écrite par le trompettiste Freddie Hubbard, fait partie des inédits* qui font le sel de ces publications. Enregistrée en novembre 1970, elle a été, par choix artistique ou manque de place, laissée de côté. Cette découverte est d'autant plus savoureuse qu'on peut, de nos jours, la comparer avec une autre version très différente. En effet, Stanley Turrentine, peut-être déçu de ne pas avoir pu la faire partager, l'enregistrera l'année suivante avec un autre combo sur « Salt Song ».
C'est  le premier album du saxophoniste pour la CTI. Il vient tout juste de quitter le label Blue Note et signe le plus gros succès de sa carrière avec le hit voluptueux qui lui vaudra son surnom "Sugar", un titre composé par Turrentine lui même, avec Hubbard à la trompette et Lonnie Liston Smith au piano électrique. « Sugar » est un disque d’accès facile, plutôt commercial mais respectueux de l’auditeur comme le prouve la très belle reprise de John Coltrane, "Impressions",  qui occupait toute la face B du vinyle.  
Ce très grand cru doit aussi son succès à sa sulfureuse pochette. La plupart des auditeurs y ont vu quelque chose de sexuel mais c’est tout simplement une maman léchant les pieds de son bébé. Elle fait partie d’une série intitulée "Black is beautiful", réalisée par le photographe Pete Turner, dans les années soixante pour le magazine Look. Désolé si j’ai un peu cassé le mythe…
Cet album soul jazz, d'inspiration bluesy, est interprété par un sextet de légende composé, en plus des musiciens cités plus haut, de Ron Carter, Billy Kaye, Butch Cornell, Richard Landrum et George Benson.

♫ ♫ ♫ ♫ ♫


* "Gibraltar" a été réédité une première fois en 1991 sur « Sugar » CBS Associated ZK 40811 [CD] mais la prise de son médiocre ne correspond plus aux standards sonores actuels






"Gibraltar" (Freddie Hubbard)



FACE A:
1. Sugar  10:00
(Stanley Turrentine)
2. Sunshine Alley  11:00
(Butch Cornell)

FACE B:
1. Impressions 15:30
(John Coltrane)

Bonus Tracks sur le Digipack 2010  

- Gibraltar  9:35
(Freddie Hubbard)

- Sugar 14:29 (Live at the Southgate Palace, Los Angeles: July 19, 1971) 
(Stanley Turrentine)

Enregistré au studio Van Gelder en novembre 1970

Ingénieur du son: Rudy Van Gelder
Photo de couverture: Peter Turner
Photo intérieure: Chuck Stewart
Design: Elton Robinson

Producteur: Creed Taylor

Saxophone Ténor: Stanley Turrentine
Trompette: Freddie Hubbard
Contebasse: Ron Carter
Piano électrique: Lonnie Liston Smith
Orgue: Butch Cornell
Batterie
: Billy Kaye
Guitare: George Benson
Congas: Richard « Pablo » Landrum


"Gibraltar" extrait de l'album Salt Song






3 commentaires:

  1. J'ai toujours adoré S.Turrentine, ce son chaud, assez hard bob, dans la lignée des D.Gordon, par exemple.
    Je l'avais découvert dans "Off the Top" de Jimmy Smith avec une équipe de luxe à leurs côtés (Benson, G.Tate) et j'ai bloqué sur lui.
    J'ai écouté cet album par le passé, je vais y retourner - commercial...
    Oui mais commercial de ce niveau, j'adhère 100%.
    Un peu comme les Jazz Crusaders, ou Groover Washington - commerciaux, mais jamais en dessous de la grosse qualité.
    Des albums comme celui ci ont ouvert cette voie qui a amené à cette orientation devenue smooth, voir acid, jazz.

    Je découvre Gibraltar par ton lien...
    La partie B du thème avec ses points d'appui est assez caractéristique du mode composition hard bop, empreint de phrase bluesy avec appuis obligatos...
    Les solos sont majestueux - peut être que le choix initial de ne pas publier est dû à une accélération progressive du tempo au fil des solos ce qui parfois était jugé comme argument de non publication d'une prise, je n'y vois guère d'autre raison musicale en tout cas (ou le manque d'espace obligeant des choix..; car le vinyle, on le sait limitait l'espace ou sinon c'était parti pour un "double").
    Excellent tout ça... du plaisir pur.
    Merci.

    :) En ces temps de focalisation Amérique du sud, t'as épuisé tout ton stock de CTI brésiliens ?... :)...

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  2. Merci Professeur pour ce commentaire avisé. Rien de tel qu'un vrai musicien pour parler musique.
    C'est un plaisir de te lire à chaque fois.
    Je vais réécouter "Gilbraltar", ça ne fera que la huitième ou neuvième fois cette semaine ;).
    Quand je dis commercial, il faut surtout entendre gros succès commercial.
    Il me reste 2 disques brésiliens à chroniquer. Un Airto mais c'est toujours difficile de parler de sa musique. Et le premier album de Milton Nascimento : "Courage". Je l'ai, si je trouve les mots...

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  3. Hé bien ... je crois bien que je viens de découvrir ici le type de blogue que je cherche depuis des lustres pour découvrir ce type de monde musical : UN GRAND MERCI !!

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